mercredi 30 octobre 2013

Une des vérités les plus réconfortantes de notre foi

Audience Générale du Pape François.

Chers frères et sœurs, bonjour !

Aujourd’hui, je voudrais parler d’une très belle réalité de notre foi, celle de la « communion des saints ». Le Catéchisme de l’Église catholique nous rappelle que cette expression recouvre deux réalités : la communion aux choses saintes et la communion entre les personnes saintes (n. 948). Je m’arrête sur cette seconde signification : il s’agit d’une vérité parmi les plus réconfortantes de notre foi, car elle nous rappelle que nous ne sommes pas seuls mais qu’il existe une communion de vie entre tous ceux qui appartiennent au Christ. Une communion qui naît de la foi ; en effet, le terme « saints » se réfère à ceux qui croient dans le Seigneur Jésus et sont incorporés à Lui dans l’Église par le baptême. C’est pour cette raison que les premiers chrétiens étaient appelés aussi « les saints » (cf. Ac9, 13.32.41 ; Rm 8, 27 ; 1 Cor 6, 1).

1. L’Évangile de Jean atteste que, avant sa Passion, Jésus pria le Père pour la communion entre les disciples, avec ces mots : « Que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. Qu’ils soient un en nous, eux aussi, pour que le monde croie que tu m’as envoyé » (17, 21). L’Église, dans sa vérité la plus profonde, est communion avec Dieu, familiarité avec Dieu, communion d’amour avec le Christ et avec le Père dans le Saint-Esprit, qui se prolonge en une communion fraternelle. Cette relation entre Jésus et le Père est la « source » du lien entre nous chrétiens : si nous sommes intimement insérés dans cette « source », dans ce foyer ardent d’amour, alors nous pouvons devenir vraiment un seul cœur et une seule âme entre nous, parce que l’amour de Dieu brûle nos égoïsmes, nos préjugés, nos divisions intérieures et extérieures. L’amour de Dieu brûle aussi nos péchés.

2. Si existe cet enracinement dans la source de l’Amour, qui est Dieu, alors le mouvement réciproque se vérifie lui aussi : des frères à Dieu ; l’expérience de la communion fraternelle me conduit à la communion avec Dieu. Être unis entre nous nous conduit à être unis avec Dieu, nous conduit à ce lien avec Dieu qui est notre Père. Cela est le deuxième aspect de la communion des saints que je voudrais souligner : notre foi a besoin du soutien des autres, notamment dans les moments difficiles. Si nous sommes unis la foi devient forte. Qu’il est beau de nous soutenir les uns les autres dans l’aventure merveilleuse de la foi ! Je dis cela parce que la tendance à s’enfermer dans le privé a influencé aussi le domaine religieux, si bien que très souvent on a du mal à demander l’aide spirituelle de ceux qui partagent avec nous l’expérience chrétienne. Qui d’entre nous tous n’a pas fait l’expérience des incertitudes, des désarrois et même de doutes sur le chemin de la foi ? Nous en avons tous fait l’expérience, moi aussi : cela fait partie du chemin de la foi, cela fait partie de notre vie. Tout cela ne doit pas nous surprendre, parce que nous sommes des êtres humains, marqués par des fragilités et des limites ; nous sommes tous fragiles, nous avons tous des limites. Toutefois, dans ces moments difficiles il faut avoir confiance en l’aide de Dieu, à travers la prière filiale, et, dans le même temps, il est important de trouver le courage et l’humilité de s’ouvrir aux autres, pour demander de l’aide, pour demander de nous donner un coup de main. Combien de fois avons-nous fait cela avant de réussir à résoudre le problème et trouver Dieu une nouvelle fois ! Dans cette communion — communion veut dire commune-union — nous sommes une grande famille, où toutes les composantes s’aident et se soutiennent entre elles.

3. Et venons-en à un autre aspect : la communion des saints va au-delà de la vie terrestre, elle va au-delà de la mort et dure pour toujours. Cette union entre nous, va au-delà et continue dans l’autre vie ; c’est une union spirituelle qui naît du baptême et qui n’est pas brisée par la mort, mais, grâce au Christ ressuscité, elle est destinée à trouver sa plénitude dans la vie éternelle. Il existe un lien profond et indissoluble entre ceux qui sont encore pèlerins dans ce monde — entre nous — et ceux qui ont franchi le seuil de la mort pour entrer dans l’éternité. Tous les baptisés ici-bas sur terre, les âmes du purgatoire et tous les bienheureux qui sont déjà au paradis forment une seule grande famille. Cette communion entre la terre et le ciel se réalise en particulier dans la prière d’intercession.

Chers amis, nous avons cette beauté ! C’est une réalité qui nous appartient, à tous, qui nous rend frères, qui nous accompagne sur le chemin de la vie et qui nous fait nous retrouver une autre fois là-haut, dans le ciel. Avançons sur ce chemin avec confiance, avec joie. Un chrétien doit être joyeux, avec la joie d’avoir tant de frères baptisés qui marchent avec lui ; soutenu par l’aide des frères et des sœurs qui suivent cette même route pour aller au ciel ; et aussi avec l’aide des frères et des sœurs qui sont au ciel et qui prient Jésus pour nous. Allons de l’avant sur cette route avec joie !

dimanche 27 octobre 2013

Messe et Angelus - Journée de la Famille 2013

La présence de Dieu dans les familles

Homélie du Pape François à la messe conclusive du pèlerinage des familles du monde à Rome en l'Année de la Foi.

Les lectures de ce dimanche nous invitent à méditer sur quelques caractéristiques fondamentales de la famille chrétienne.

1. La première : la famille qui prie. Le passage de l’Évangile met en évidence deux façons de prier, une qui est fausse – celle du pharisien - et l’autre qui est authentique – celle du publicain. Le pharisien incarne un comportement qui n’exprime pas l’action de grâce à Dieu pour ses bienfaits et sa miséricorde, mais plutôt l’autosatisfaction. Le pharisien se sent juste, il se sent correct, il se rengorge de cela et il juge les autres du haut de son piédestal. Le publicain, au contraire, ne multiplie pas les paroles. Sa prière est humble, modeste, empreinte de la conscience de son indignité, de ses misères : cet homme vraiment admet qu’il a besoin du pardon de Dieu, de la miséricorde de Dieu.

La prière du publicain est celle du pauvre, c’est la prière qui plaît à Dieu et, comme le dit la première Lecture, qui « parvient jusqu’au ciel » (Sir 35, 20), alors que celle du pharisien est alourdie par le poids de la vanité.

À la lumière de cette Parole, je voudrais vous demander, chères familles : priez-vous parfois en famille ? Quelqu’un oui, je le sais. Mais beaucoup me disent : mais comment on fait ? Mais, on fait comme le publicain, c’est clair : humblement, devant Dieu. Que chacun, avec humilité, se laisse regarder par le Seigneur et demande sa bonté, pour qu’elle vienne à nous. Mais, en famille, comment on fait ? Parce que la prière semble être une affaire personnelle, et puis il n’y a jamais un moment favorable, tranquille, en famille… Oui, c’est vrai, mais c’est aussi une question d’humilité, de reconnaître que nous avons besoin de Dieu, comme le publicain ! Et toutes les familles ! Nous avons besoin de Dieu : tous, tous ! Nous avons besoin de son aide, de sa force, de sa bénédiction, de sa miséricorde, de son pardon. Et il faut de la simplicité : prier en famille, il faut de la simplicité ! Prier ensemble le « Notre Père », autour de la table, n’est pas quelque chose d’extraordinaire : c’est facile. Et prier le Rosaire ensemble, en famille, c’est très beau, ça donne beaucoup de force ! Et aussi prier les uns pour les autres : l’époux pour l’épouse, l’épouse pour l’époux, tous les deux pour les enfants, les enfants pour les parents, pour les grands-parents… Prier les uns pour les autres. C’est prier en famille, et cela renforce la famille : la prière !


2. La deuxième Lecture nous suggère un autre point : la famille garde la foi. L’apôtre Paul, au déclin de sa vie, fait un bilan fondamental, et dit : « J’ai gardé la foi » (2 Tm 4, 7). Mais comment l’a-t-il gardée ? Pas dans un coffre-fort ! Il ne l’a pas enfouie dans la terre, comme ce serviteur un peu paresseux. Saint Paul compare sa vie à un combat et à une course. Il a gardé la foi parce qu’il ne s’est pas contenté de la défendre, mais il l’a annoncée, diffusée, il l’a portée loin. Il s’est fermement opposé à ceux qui voulaient conserver, « fossiliser » le message du Christ dans les limites de la Palestine. C’est pourquoi il a fait des choix courageux, il s’est rendu dans des territoires hostiles, il s’est laissé provoquer par ceux qui sont loin, par diverses cultures, il a parlé franchement, sans peur. Saint Paul a conservé la foi, car, comme il l’a reçue, il l’a donnée, en allant dans les périphéries, sans se retrancher dans des positions défensives.

Ici aussi, nous pouvons nous demander : de quelle façon nous, en famille, nous gardons notre foi ? La retenons-nous pour nous, dans notre famille, comme un bien privé, comme un compte en banque, ou savons-nous la partager par le témoignage, l’accueil, et l’ouverture aux autres ? Tous nous savons que les familles, en particulier celles qui sont jeunes, sont souvent « pressées », très affairées ; mais parfois pensez-vous que cette « course » peut aussi être la course de la foi ? Les familles chrétiennes sont des familles missionnaires. Mais, hier nous avons écouté, ici, sur cette place, le témoignage de familles missionnaires. Elles sont missionnaires aussi dans la vie de chaque jour, en faisant les choses de tous les jours, en mettant en tout le sel et le levain de la foi ! Garder la foi en famille et mettre le sel et le levain de la foi dans les choses de tous les jours.

3. Et nous tirons un troisième aspect de la Parole de Dieu : La famille qui vit la joie. Dans le Psaume responsorial on trouve cette expression : « Que les pauvres entendent et soient en fête » (33/34,3). Tout ce Psaume est une hymne au Seigneur, source de joie et de paix. Et quelle est la raison de cette joie? Ceci : le Seigneur est proche, il écoute le cri des humbles et les délivre du mal. Saint Paul l’écrivait aussi : « Soyez toujours dans la joie… le Seigneur est proche » (Ph 4, 4-5). Eh… il me plairait de poser une question, aujourd’hui. Mais, que chacun la porte dans son cœur, chez soi, eh ?, comme un devoir à faire. Et on répond seul. Comment va la joie, chez toi? Comment va la joie dans ta famille? Eh, donnez la réponse.

Chères familles, vous le savez bien : la vraie joie que l’on goûte en famille n’est pas quelque chose de superficiel, elle ne vient pas des choses, des circonstances favorables… La vraie joie vient d’une harmonie profonde entre les personnes, que tout le monde ressent en son cœur, et qui nous fait sentir la beauté d’être ensemble, de nous soutenir mutuellement sur le chemin de la vie. Mais à la base de ce sentiment de joie profonde, il y a la présence de Dieu, la présence de Dieu dans la famille, il y a son amour accueillant, miséricordieux, respectueux envers tout le monde. Et surtout, un amour patient : la patience est une vertu de Dieu et elle nous enseigne, en famille, à avoir cet amour patient, l’un envers l’autre. Avoir de la patience entre nous. Amour patient. Seul Dieu sait créer l’harmonie des différences. S’il manque l’amour de Dieu, la famille aussi perd son harmonie, les individualismes prévalent, et la joie s’éteint. En revanche, la famille qui vit la joie de la foi la communique spontanément, elle est sel de la terre et lumière du monde, elle est levain pour toute la société.

Chères familles, vivez toujours avec foi et simplicité, comme la sainte famille de Nazareth. La joie et la paix du Seigneur soit toujours avec vous!

samedi 26 octobre 2013

Rencontre des familles avec le Pape François

C’est cela le mariage : partir et marcher ensemble, s’en remettant à la grâce de Dieu

Discours du Pape François aux familles en pèlerinage à Rome en l'Année de la Foi.


Chères familles,
Bonsoir et bienvenue à Rome !

Vous êtes venus de plusieurs régions du monde, en pèlerins, pour professer votre foi devant la tombe de saint Pierre. Cette place vous accueille et vous prend dans ses bras : nous sommes un seul peuple, avec une seule âme, appelés par le Seigneur qui nous aime et nous soutient. Je salue aussi toutes les familles qui sont reliées par la télévision et par l’Internet : c’est une place qui s’élargit sans limites.

Vous avez voulu appeler ce moment : « Famille, vis la joie de la foi ». Ce titre me plaît. J’ai écouté vos expériences, les histoires que vous avez racontées. J’ai vu beaucoup d’enfants, beaucoup de grands-parents… J’ai entendu la douleur des familles qui vivent une situation de pauvreté et de guerre. J’ai écouté les jeunes qui veulent se marier malgré mille difficultés. Et maintenant nous nous demandons : comment est-il possible de vivre la joie de la foi, aujourd’hui, en famille ? Mais je vous demande aussi : « est-ce possible de vivre cette joie ou ce n’est pas possible ? »

1. Il y a une parole de Jésus, dans l’Evangile de Matthieu, qui nous éclaire : « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos » (Mt 11, 28). La vie souvent est pénible, souvent aussi tragique ! Nous avons entendu récemment... Travailler est pénible, chercher un travail est pénible. Et trouver du travail aujourd’hui nous demande beaucoup d’effort. Mais ce qui est le plus pénible dans la vie ce n’est pas cela : ce qui est plus pénible que toutes ces choses c’est le manque d’amour. C’est pénible de ne pas recevoir un sourire, de ne pas être accueilli. Ils sont pénibles certains silences, parfois aussi en famille, entre mari et femme, entre parents et enfants, entre frères. Sans amour, la peine devient plus pesante, insupportable. Je pense aux personnes âgées qui sont seules, aux familles qui peinent de ne pas être aidées à soutenir ceux qui, à la maison, ont besoin d’attentions spéciales et de soins. « Venez à moi vous tous qui peinez sous le poids du fardeau », dit Jésus.

Chères familles, le Seigneur connaît nos fatigues : il les connaît ! Et il connaît les poids de notre vie. Mais le Seigneur connaît aussi notre profond désir de trouver la joie du repos ! Vous vous rappelez ? Jésus a dit : « que votre joie soit complète »  (Jn 15, 11). Jésus veut que notre joie soit complète. Il l’a dit aux apôtres et il nous le répète aujourd’hui. Alors, ceci est la première chose que, ce soir, je veux partager avec vous, et c’est une parole de Jésus : Venez à moi, familles du monde entier – dit Jésus – et je vous donnerai le repos, afin que votre joie soit complète. Et cette parole de Jésus, portez-la chez vous, portez-la dans votre cœur, partagez-la en famille. Il nous invite à venir à lui pour nous donner, pour donner à tous la joie.

2. La seconde parole, je la prends du rituel du Mariage. Celui qui se marie dans le Sacrement dit : « Je promets de te rester fidèle, dans le bonheur et dans les épreuves, dans la santé et dans la maladie, et de t’aimer tous les jours de ma vie ». Les époux, à ce moment, ne savent pas ce qui arrivera, ils ne savent pas quelles joies et quelles peines les attendent. Ils partent, comme Abram, ils se mettent en route ensemble. Et c’est cela le mariage ! Partir et marcher ensemble, main dans la main, s’en remettant entre les mains du Seigneur. Main dans la main, toujours et pour toute la vie ! Et ne pas prêter attention à cette culture du provisoire, qui morcèle notre vie !

Avec cette confiance en la fidélité de Dieu on peut tout affronter, sans peur, avec responsabilité. Les époux chrétiens ne sont pas naïfs, ils connaissent les problèmes et les dangers de la vie. Mais ils n’ont pas peur d’assumer leurs responsabilités, devant Dieu et la société ; sans s’échapper, sans s’isoler, sans renoncer à la mission de former une famille et de mettre au monde des enfants. – Mais aujourd’hui, mon Père, c’est difficile…–. En effet, c’est difficile. C’est pour cela que la grâce est nécessaire, la grâce que nous donne le Sacrement! Les Sacrements ne servent pas à décorer la vie  - mais quel beau mariage, quelle belle cérémonie, quelle belle fête !... Mais ce n’est pas le Sacrement, ce n’est pas la grâce du Sacrement. C’est une décoration ! Et la grâce ne sert pas à décorer la vie, elle sert pour nous rendre forts dans la vie, pour nous rendre courageux, pour pouvoir avancer ! Sans s’isoler, toujours ensemble. Les chrétiens se marient dans le Sacrement parce qu’ils ont conscience d’en avoir besoin ! Ils en ont besoin pour être unis entre eux, et pour accomplir leur mission de parents. « Dans le bonheur et dans les épreuves, dans la santé et dans la maladie ». Ainsi disent les époux dans le Sacrement et dans leur Mariage ils prient ensemble et avec la communauté. Pourquoi ? Parce qu’on a l’habitude de faire comme cela ? Non ! Ils le font parce qu’ils en ont besoin pour le long voyage qu’ils doivent faire ensemble : un long voyage qui ne s’effectue pas par bout de chemin, mais dure toute la vie ! Et ils ont besoin de l’aide de Jésus pour marcher ensemble avec confiance, pour s’accueillir l’un l’autre chaque jour, et se pardonner chaque jour ! C’est important ! Savoir se pardonner en famille, car tous nous avons des défauts, tous ! Parfois nous faisons des choses qui ne sont pas bonnes et font mal aux autres ! Avoir le courage de s’excuser, quand nous nous trompons en famille… Il y a quelques semaines, sur cette place, j’ai dit que pour conduire une famille, il est nécessaire d’utiliser trois mots. Je veux le répéter. Trois mots : permission, merci, excuse. Trois mots clés ! Nous demandons la permission afin de ne pas être envahissants en famille. « Puis-je faire cela ? ça te plaît que je fasse cela ? ». Par le langage de la demande de permission. Nous disons merci, merci pour l’amour ! Mais dis-moi, combien de fois, par jour, tu dis merci à ton épouse, et toi à ton époux ? Combien de jours passent, sans que tu ne dises ce mot : merci ? Et le dernier : excuse. Tous nous nous trompons et parfois quelqu’un est offensé dans la famille et dans le mariage, et quelquefois – je dis – les assiettes volent, on se dit des paroles violentes, mais écoutez ce conseil : ne pas finir la journée sans faire la paix. La paix se refait chaque jour en famille ! « Excusez-moi », voici, et on recommence. Permission, merci, excuse ! Nous le disons ensemble ? (ils répondent : « oui »). Permission, merci et excuse ! Vivons ces trois mots en famille ! Se pardonner tous les jours.

Dans sa vie, la famille connaît beaucoup de beaux moments : le repos, le repas ensemble, la sortie dans le parc ou à la campagne, la visite aux grands-parents, la visite à une personne malade… Mais s’il manque l’amour, il manque la joie, il manque la fête, et l’amour c’est Jésus qui nous le donne toujours : il est la source inépuisable. Là, dans le Sacrement, il nous donne sa Parole et il nous donne le Pain de la vie, pour que notre joie soit complète.

3. Et pour terminer, devant nous cette icône de la Présentation de Jésus au Temple. C’est une icône vraiment belle et importante. Contemplons-la et faisons-nous aider par cette image. Comme vous tous, les protagonistes de la scène ont leur histoire : Marie et Joseph se sont mis en marche, pèlerins vers Jérusalem, par obéissance à la Loi du Seigneur ; de même le vieux Siméon et la prophétesse Anne, également très âgée, arrivent au Temple poussés par l’Esprit Saint. La scène nous montre cet entrelacement de trois générations, l’entrelacement de trois générations : Siméon tient dans ses bras l’enfant Jésus dans lequel il reconnaît le Messie, et Anne est représentée dans le geste de louange de Dieu et d’annonce du salut à ceux qui attendaient la rédemption d’Israël. Ces deux personnes âgées représentent la foi en tant que mémoire. Mais je vous demande : « écoutez-vous les grands-parents ? Ouvrez-vous le cœur à la mémoire que nous donnent les grands-parents ? Les grands-parents sont la sagesse de la famille, ils sont la sagesse d’un peuple. Et un peuple qui n’écoute pas les grands-parents, est un peuple qui meurt ! Écouter les grands-parents ! Marie et Joseph sont la Famille sanctifiée par la présence de Jésus, qui est l’accomplissement de toutes les promesses. Toute famille, comme celle de Nazareth, est insérée dans l’histoire d’un peuple et ne peut exister sans les générations précédentes. Et c’est pourquoi, aujourd’hui, nous avons ici les grands-parents et les enfants. Les enfants apprennent des grands-parents, de la génération précédente.

Chères familles, vous aussi vous faites partie du peuple de Dieu. Marchez dans la joie, ensemble avec ce peuple. Demeurez toujours unies à Jésus et portez-le à tous par votre témoignage. Je vous remercie d’être venues. Ensemble, faisons nôtres les paroles de saint Pierre, qui nous donnent la force, et nous donneront la force dans les moments difficiles : « Seigneur, vers qui pourrions-nous aller ? Tu as les paroles de la vie éternelle » (Jn 6, 68). Avec la grâce du Christ, vivez la joie de la foi ! Que le Seigneur vous bénisse et que Marie, notre Mère, vous protège et vous accompagne. Merci !

vendredi 25 octobre 2013

La famille est le moteur du monde et de l’histoire

Discours du Pape François aux participants à l'Assemblée Plénière du Conseil Pontifical pour la Famille.

Messieurs les cardinaux, chers frères dans l’épiscopat et dans le sacerdoce, chers frères et sœurs,

[...] Le premier point sur lequel je voudrais m’arrêter est celui-ci : la famille est une communauté de vie qui a une consistance autonome. Comme l’a écrit le bienheureux Jean-Paul II dans l’exhortation apostolique Familiaris consortio, la famille n’est pas la somme des personnes qui la constituent, mais une « communauté de personnes » (cf. nn. 17-18). Et une communauté est plus que la somme des personnes. Elle est le lieu où l’on apprend à aimer, le centre naturel de la vie humaine. Elle est faite de visages, de personnes qui aiment, qui dialoguent, qui se sacrifient les unes pour les autres et qui défendent la vie, en particulier la plus fragile, la plus faible. On pourrait dire, sans exagérer, que la famille est le moteur du monde et de l’histoire. Chacun de nous construit sa propre personnalité en famille, en grandissant avec sa mère et son père, ses frères et ses sœurs, en respirant la chaleur du foyer. La famille est le lieu où nous recevons notre nom, elle est le lieu des liens d’affection, l’espace de l’intimité, où l’on apprend l’art du dialogue et de la communication interpersonnelle. Dans la famille la personne prend conscience de sa propre dignité et, en particulier si l’éducation est chrétienne, elle reconnaît la dignité de chaque personne, de manière particulière de celle qui est malade, faible, exclue.

Tout cela est la communauté- famille, qui demande à être reconnue comme telle, encore davantage aujourd’hui, alors que prévaut la protection des droits individuels. Et nous devons défendre le droit de cette communauté : la famille. C’est pourquoi vous avez bien fait de porter une attention particulière à la Charte des droits de la famille, présentée il y a précisément trente ans, le 22 octobre 1983.

Venons-en au deuxième point — on dit que nous jésuites, nous parlons toujours par trois : trois points : un, deux, trois. Deuxième point : la famille se fonde sur le mariage. À travers un acte d’amour libre et fidèle, les époux chrétiens témoignent que le mariage, en tant que sacrement, est la base sur laquelle se fonde la famille et rend plus solide l’union des conjoints et leur don réciproque. Le mariage est comme une sorte de premier sacrement de l’humain, où la personne se découvre elle-même, s’auto-comprend en relation aux autres et en relation à l’amour qu’elle est capable de recevoir et de donner. L’amour sponsal et familial révèle aussi clairement la vocation de la personne à aimer de manière unique et pour toujours, et que les épreuves, les sacrifices et les crises du couple, ainsi que de la famille elle-même, représentent des passages pour grandir dans le bien, dans la vérité et dans la beauté. Dans le mariage, on se donne complètement, sans calculs ni réserves, en partageant tout, les dons et les sacrifices, en s’en remettant à la Providence de Dieu. Telle est l’expérience que les jeunes peuvent apprendre de leurs parents et de leurs grands-parents. C’est une expérience de foi en Dieu et de confiance réciproque, de liberté profonde, de sainteté, parce que la sainteté suppose de se donner avec fidélité et sacrifice chaque jour de la vie ! Mais il existe des problèmes dans le mariage. Il y a toujours divers points de vue, des jalousies, on se dispute. Mais il faut dire aux jeunes époux de ne jamais finir la journée sans faire la paix entre eux. Le sacrement du mariage est renouvelé dans cet acte de paix après une discussion, un malentendu, une jalousie cachée, même un péché. Faire la paix qui donne l’unité à la famille ; et il faut dire cela aux jeunes, aux jeunes couples, qu’il n’est pas facile de prendre cette route, mais elle est si belle cette route, si belle. Il faut le dire !

Je voudrais à présent mentionner au moins deux phases de la vie familiale : l’enfance et la vieillesse. Les enfants et les personnes âgées représentent les deux pôles de la vie et aussi les plus vulnérables, souvent les plus oubliés. Quand je confesse un homme ou une femme mariés, jeunes, et que dans la confession on en vient à parler d’un fils ou d’une fille, je demande : mais combien d’enfants avez-vous ? Et ils me le disent, peut-être en attendant une autre question après celle-ci. Mais moi je pose toujours cette deuxième question : Et dites-moi, Monsieur ou Madame, est-ce que vous jouez avec vos enfants ? — Comment mon Père ? — Est-ce que vous perdez du temps avec vos enfants ? Est-ce que vous jouez avec vos enfants ? — Mais non, vous savez, quand je sors de chez moi le matin — me dit l’homme — tout le monde dort encore et quand je reviens ils sont couchés. La gratuité, cette gratuité du papa et de la maman avec leurs enfants, est aussi très importante : « perdre du temps » avec ses enfants, jouer avec ses enfants. Une société qui abandonne les enfants et qui exclut les personnes âgées coupe ses propres racines et assombrit son avenir. Et vous, réfléchissez-vous à ce que fait notre culture aujourd’hui ou pas ? Avec cette méthode. Chaque fois qu’un enfant est abandonné et qu’une personne âgée est laissée pour compte, on accomplit non seulement un acte d’injustice, mais on enregistre aussi l’échec de cette société. Prendre soin des petits et des personnes âgées est un choix de civilisation. Et c’est aussi l’avenir, car les petits, les enfants, les jeunes mèneront de l’avant cette société avec leur force, leur jeunesse, et les personnes âgées la mèneront de l’avant avec leur sagesse, leur mémoire, qu’elles doivent donner à nous tous.

Et cela me réjouit, que le Conseil pontifical pour la famille ait créé cette nouvelle icône de la famille, qui reprend la scène de la Présentation de Jésus au temple, avec Marie et Joseph qui apportent l’Enfant, pour observer la Loi, et les deux personnes âgées, Syméon et Anne, qui, animés par l’Esprit, l’accueillent comme le Sauveur. Le titre de l’icône est significatif : « De génération en génération s’étend sa miséricorde ». L’Église qui prend soin des enfants et des personnes âgées devient la mère des générations de croyants et, dans le même temps, elle sert la société humaine car un esprit d’amour, de famille et de solidarité aide tout le monde à redécouvrir la paternité et la maternité de Dieu. Et cela me plaît, quand je lis ce passage de l’Évangile, de penser que les jeunes, Joseph et Marie, l’Enfant aussi, font tout ce que la Loi dit. Saint Luc le dit quatre fois : pour accomplir la Loi. Les jeunes sont obéissants à la Loi ! Et les deux personnes âgées font du bruit ! À ce moment-là, Syméon invente une liturgie personnelle et élève des louanges, les louanges à Dieu. Et la petite vieille s’en va et bavarde, elle prêche avec les bavardages : « Regardez-le ! ». Comme ils sont libres ! Et il est dit à trois reprises de ces personnes âgées qu’elles sont conduites par le Saint-Esprit. Les jeunes par la Loi, eux par le Saint-Esprit. Se tourner vers les personnes âgées qui ont cet esprit à l’intérieur, les écouter !

La « bonne nouvelle » de la famille est une partie très importante de l’évangélisation, que les chrétiens peuvent communiquer à tous, à travers le témoignage de la vie ; et ils le font déjà, cela est évident dans les sociétés sécularisées : les familles vraiment chrétiennes se reconnaissent à la fidélité, à la patience, à l’ouverture à la vie, au respect pour les personnes âgées... Le secret de tout cela est la présence de Jésus dans la famille. Nous proposons donc à tous, avec respect et courage, la beauté du mariage et de la famille, éclairés par l’Évangile ! Et c’est pour cela que nous nous approchons avec attention et affection des familles en difficulté, de celles qui sont obligées de quitter leur terre, qui sont brisées, qui n’ont pas de maison ou de travail, ou qui souffrent pour tant de motifs ; des conjoints en crise et à ceux désormais séparés. Nous voulons être proches de tous avec l’annonce de cet Évangile de la famille, de cette beauté de la famille.

Chers amis, les travaux de votre assemblée plénière peuvent être une précieuse contribution en vue du prochain Synode extraordinaire des évêques qui sera consacré à la famille. Je vous remercie également pour cela. Je vous confie à la Sainte Famille de Nazareth et je vous donne de tout cœur ma Bénédiction.

jeudi 24 octobre 2013

Ordinations épiscopales 2013

À travers l’évêque entouré par ses prêtres est présent au milieu de vous Notre Seigneur Jésus Christ

Homélie du Pape François à la messe d'ordination de deux nouveaux évêques (Mgr Jean-Marie Speich et Mgr Giampiero Gloder).

Frères et très chers fils,

Réfléchissons attentivement à la haute responsabilité ecclésiale à laquelle sont appelés à présent nos deux frères. Notre Seigneur Jésus Christ, envoyé par le Père pour racheter les hommes, envoya à son tour dans le monde les douze apôtres, pour qu’emplis de la puissance du Saint-Esprit ils annoncent l’Évangile à tous les peuples et que, les réunissant sous un seul pasteur, ils les sanctifient et les guident vers le salut.

Afin de perpétuer de génération en génération ce ministère apostolique, les Douze joignirent à eux des collaborateurs, en leur transmettant par l’imposition des mains le don de l’Esprit reçu du Christ, qui conférait la plénitude du sacrement de l’Ordre. Ainsi, à travers la succession ininterrompue des évêques dans la tradition vivante de l’Église, s’est conservé ce ministère primordial et l’œuvre du Sauveur continue et se développe jusqu’à notre époque. À travers l’évêque entouré par ses prêtres est présent au milieu de vous Notre Seigneur Jésus Christ, souverain prêtre pour l’éternité.

En effet, c’est le Christ qui, à travers le ministère de l’évêque, continue de prêcher l’Évangile du salut et de sanctifier les croyants, à travers les sacrements de la foi. C’est le Christ qui, à travers la paternité de l’évêque, ajoute de nouveaux membres à son corps, qui est l’Église. C’est le Christ qui, à travers la sagesse et la prudence de l’évêque, guide le peuple de Dieu dans le pèlerinage terrestre jusqu’au bonheur éternel.

Accueillez, par conséquent, avec joie et gratitude ces frères, que nous évêques par l’imposition des mains associons aujourd’hui au collège épiscopal. Rendez-leur l’honneur que l’on doit aux ministres du Christ et aux dispensateurs des mystères de Dieu, auxquels sont confiés le témoignage de l’Évangile et le ministère de l’Esprit pour la sanctification. Rappelez-vous des paroles de Jésus aux apôtres : « Qui vous écoute m’écoute, qui vous rejette me rejette, et qui me rejette, rejette Celui qui m’a envoyé ».

Quant à vous, Jean-Marie et Giampiero, élus du Seigneur, pensez que vous avez été choisis parmi les hommes et pour les hommes, vous avez été constitués dans les choses qui concernent Dieu. « Épiscopat », en effet, est le nom d’un service, pas d’un honneur. A l’évêque, il revient davantage de servir que de dominer, selon le commandement du Maître : « Celui qui est le plus grand doit se comporter comme le plus petit et celui qui commande comme celui qui sert ». Toujours au service, toujours.

Annoncez la Parole en toute occasion : à temps et à contre-temps. Mettez en garde, réprimandez, exhortez avec la plus grande magnanimité et doctrine. Et à travers l’oraison et l’offrande du sacrifice pour votre peuple, puisez à la plénitude de la sainteté du Christ la richesse polymorphe de la grâce divine. À travers l’oraison. Rappelez-vous du premier conflit dans l’Église de Jérusalem, quand les évêques avaient un tel travail pour protéger les veuves, les orphelins et qu’ils ont décidé de nommer les diacres. Pourquoi ? Pour prier et prêcher la Parole. Un évêque qui ne prie pas est un évêque qui n’a fait que la moitié du chemin. Et s’il ne prie pas le Seigneur, il finit dans la mondanité.

Dans l’Église qui vous est confiée, soyez de fidèles gardiens et dispensateurs des mystères du Christ, placés par le Père à la tête de sa famille suivez toujours l’exemple du Bon Pasteur, qui connaît ses brebis, qui est connu d’elles et qui, pour elles, n’a pas hésité à donner sa vie.

L’amour de l’évêque : aimez, aimez avec un amour de père et de frère tous ceux que Dieu vous confie. Avant tout, aimez les prêtres et les diacres. Ils sont vos collaborateurs, ils sont pour vous les plus proches d’entre les proches. Ne faites jamais attendre un prêtre ; il demande un rendez-vous ? Répondez immédiatement ! Soyez proches d’eux. Mais aimez aussi les pauvres, ceux qui sont sans défense et qui ont besoin d’accueil et d’aide. Exhortez les fidèles à coopérer à l’engagement apostolique et écoutez-les volontiers.

Ayez une vive attention pour ceux qui n’appartiennent pas à la seule bergerie du Christ, parce qu’eux aussi vous ont été confiés par le Seigneur. Priez beaucoup pour eux. Rappelez-vous que dans l’Église catholique, réunie dans le lien de la charité, vous êtes unis au collège des évêques et vous devez porter en vous la sollicitude de toutes les Églises, en secourant généreusement celles qui ont le plus besoin d’aide.

Et veillez avec amour sur tout le troupeau dans lequel le Saint-Esprit vous place pour guider l’Église de Dieu. Veillez au nom du Père, dont vous rendez l’image présente ; au nom de Jésus Christ, son Fils, dont vous êtes constitués maîtres, prêtres et pasteurs. Au nom du Saint-Esprit, qui donne vie à l’Église et avec sa puissance soutient notre faiblesse. Ainsi soit-il !

Construire des ponts entre les cultures et traditions de foi

Discours du Pape François à une délégation du Centre Simon Wiesenthal.

Chers amis,

Je souhaite la bienvenue à la délégation du Simon Wiesenthal Center, organisation internationale juive pour la défense des droits humains. Je sais que ce rendez-vous avait déjà été fixé depuis longtemps, par mon bien-aimé prédécesseur Benoît XVI, à qui vous aviez demandé de pouvoir rendre visite et à qui va toujours notre pensée affectueuse et notre prière.

Ces rencontres sont de votre part un signe de respect et d’estime pour les Évêques de Rome, dont je suis reconnaissant et auquel correspond la considération du Pape pour l’œuvre à laquelle vous vous consacrez : combattre toute forme de racisme, d’intolérance et d’antisémitisme, en préservant la mémoire de la Shoah et en promouvant la compréhension réciproque à travers la formation et l’engagement social.

J’ai eu l’occasion de répéter à plusieurs reprises, ces dernières semaines, que l’Église condamne toute forme d’antisémitisme. Aujourd’hui, je voudrais souligner combien le problème de l’intolérance doit être affronté dans son ensemble : là où une minorité est persécutée et marginalisée en raison de ses convictions religieuses ou ethniques, le bien de toute une société est en danger et nous devons tous nous sentir interpellés. Je pense avec une douleur particulière aux souffrances, à la marginalisation et aux authentiques persécutions que de nombreux chrétiens subissent dans différents pays du monde. Unissons nos forces pour favoriser une culture de la rencontre, du respect, de la compréhension et du pardon réciproques.

Pour la construction d’une telle culture, je voudrais souligner en particulier l’importance de la formation : une formation qui ne soit pas seulement une transmission de connaissances, mais le passage d’un témoignage vécu, qui suppose l’établissement d’une communion de vie, d’une « alliance » avec les jeunes générations, toujours ouverte à la vérité. Nous devons en effet savoir transmettre à celles-ci non seulement des connaissances sur l’histoire du dialogue judéo-catholique, sur les difficultés traversées et sur les progrès accomplis dans les dernières décennies : nous devons surtout être en mesure de transmettre la passion pour la rencontre et la connaissance de l’autre, en promouvant une participation active et responsable de nos jeunes. En cela, l’engagement partagé au service de la société et des plus faibles revêt une grande importance. Je vous encourage à continuer de transmettre aux jeunes la valeur de l’effort commun pour rejeter les murs et construire des ponts entre nos cultures et traditions de foi. Allons de l’avant avec confiance, courage et espérance. Shalom !

mercredi 23 octobre 2013

Le Seigneur ne reste pas en dehors des prisons, il est à l’intérieur

Discours du Pape François aux participants au Congrès National des Aumôniers de prisons italiennes.

Chers frères,

Je vous remercie, et je voudrais profiter de cette rencontre avec vous, qui travaillez dans les prisons de toute l’Italie, pour transmettre mes salutations à tous les détenus. S’il vous plaît, dites-leur que je prie pour eux, je les ai à cœur, je prie le Seigneur et la Vierge qu’ils puissent surmonter de manière positive cette période difficile de leur vie. Qu’ils ne se découragent pas, qu’ils ne se renferment pas. Vous savez qu’un jour tout va bien, mais un autre jour on n’a pas le moral, et cette oscillation est difficile. Le Seigneur est proche, mais dites avec les gestes, avec les paroles, avec le cœur, que le Seigneur ne reste pas dehors, il ne reste pas à l’extérieur de leur cellule, il ne reste pas en dehors des prisons, mais il est à l’intérieur, il est là. Vous pouvez dire cela : le Seigneur est à l’intérieur avec eux ; lui aussi est un prisonnier, encore aujourd’hui, prisonnier de nos égoïsmes, de nos systèmes, de tant d’injustices parce qu’il est facile de punir les plus faibles, mais les gros poissons nagent librement dans les eaux. Aucune cellule n’est assez isolée pour exclure le Seigneur, aucune ; Lui est là, il pleure avec eux, il travaille avec eux, il espère avec eux ; son amour paternel et maternel arrive partout. Je prie pour que chacun ouvre son cœur à cet amour. Quand je recevais une lettre de l’un d’entre eux à Buenos Aires, je leur rendais visite, tandis qu’aujourd’hui lorsque m’écrivent encore ceux de Buenos Aires, parfois je les appelle, surtout le dimanche, et je discute. Puis quand j’ai fini, je pense : pourquoi lui est-il là et pas moi qui ai tant de raisons pour y être ? Penser à cela me fait du bien : car les faiblesses que nous avons sont les mêmes, pourquoi lui est-il tombé et ne suis-je pas tombé moi ? Cela est pour moi un mystère qui me fait prier et me fait me sentir proche des prisonniers.

Je prie aussi pour vous, aumôniers, pour votre ministère, qui n’est pas facile, est très exigeant et très important, parce qu’il exprime une des œuvres de miséricorde ; il rend visible la présence du Seigneur dans la prison, dans la cellule. Vous êtes le signe de la proximité du Christ avec ces frères qui ont besoin d’espérance. Vous avez récemment parlé d’une justice de réconciliation, mais aussi d’une justice d’espérance, de portes ouvertes, d’horizons. Cela n’est pas une utopie, cela peut se faire. Ce n’est pas facile car nos faiblesses sont partout, et le diable aussi est partout, les tentations sont là partout, mais il faut toujours essayer.

Je souhaite que le Seigneur soit toujours avec vous, vous bénisse et que la Vierge vous protège ; toujours dans la main de la Vierge, car elle est la mère de vous tous et d’eux tous en prison. C’est ce que je vous souhaite, merci ! Et nous demandons au Seigneur qu’il vous bénisse, ainsi que vos amis et vos amies des prisons ; mais d’abord prions la Vierge pour qu’elle nous conduise toujours à Jésus : Je vous salue Marie...

La foi de Marie est l’accomplissement de la foi d’Israël

Audience Générale du Pape François.

Chers frères et sœurs, bonjour !

En poursuivant les catéchèses sur l’Église, je voudrais aujourd’hui tourner mon regard vers Marie comme image et modèle de l’Église. Je le fais en reprenant une expression du Concile Vatican II. La constitution Lumen gentium dit : « De l’Église, comme l’enseignait déjà saint Ambroise, la Mère de Dieu est le modèle dans l’ordre de la foi, de la charité et de la parfaite union au Christ » (n. 63).

1. Partons du premier aspect. Marie comme modèle de foi. De quelle manière Marie représente-t-elle un modèle pour la foi de l’Église ? Pensons à qui était la Vierge Marie : une jeune fille juive, qui attendait de tout son cœur la rédemption de son peuple. Mais dans ce cœur de jeune fille d’Israël, il y avait un secret qu’elle-même ne connaissait pas encore : dans le dessein d’amour de Dieu, elle était destinée à devenir la Mère du Rédempteur. Dans l’Annonciation, le Messager de Dieu l’appelle « pleine de grâce » et lui révèle ce projet. Marie répond « oui » et à partir de ce moment-là, la foi de Marie reçoit une lumière nouvelle : elle se concentre sur Jésus, le Fils de Dieu né de sa chair et dans lequel s’accomplissent les promesses de toute l’histoire du salut. La foi de Marie est l’accomplissement de la foi d’Israël, en elle est vraiment concentré tout le chemin, toute la route de ce peuple qui attendait la rédemption, et en ce sens elle est le modèle de la foi de l’Église, qui a comme centre le Christ, incarnation de l’amour infini de Dieu.

Comment Marie a-t-elle vécu cette foi ? Elle l’a vécue dans la simplicité des mille occupations et préoccupations quotidiennes de toute maman, comment s’occuper de la nourriture, des vêtements, du soin de la maison... C’est précisément cette existence normale de la Vierge qui fut le terrain où se développa une relation singulière et un dialogue profond entre elle et Dieu, entre elle et son Fils. Le « oui » de Marie, déjà parfait au commencement, a grandi jusqu’à l’heure de la Croix. Là, sa maternité s’est élargie pour embrasser chacun de nous, notre vie, pour nous conduire à son Fils. Marie a vécu toujours plongée dans le mystère du Dieu fait homme, comme sa première et parfaite disciple, en méditant toute chose dans son cœur à la lumière du Saint-Esprit, pour comprendre et mettre en pratique toute la volonté de Dieu.

Nous pouvons nous poser une question : nous laissons-nous éclairer par la foi de Marie, qui est notre Mère ? Ou bien pensons-nous qu’elle est lointaine, trop différente de nous ? Dans les moments de difficulté, d’épreuve, d’obscurité, tournons notre regard vers elle comme vers un modèle de confiance en Dieu, qui veut toujours et uniquement notre bien ? Pensons à cela, peut-être cela nous fera-t-il du bien de retrouver Marie comme modèle et figure de l’Église dans cette foi qu’elle avait !

2. Venons au deuxième aspect : Marie modèle de charité. De quelle manière Marie est-elle pour l’Église un exemple vivant d’amour ? Pensons à sa disponibilité à l’égard de sa parente Élisabeth. En lui rendant visite, la Vierge Marie lui a aussi apporté une aide matérielle, mais pas seulement, elle lui a apporté Jésus, qui vivait déjà dans son sein. Apporter Jésus dans cette maison voulait dire apporter la joie, la pleine joie. Élisabeth et Zacharie étaient heureux pour la grossesse qui semblait impossible à leur âge, mais c’est la jeune Marie qui leur apporte la pleine joie, celle qui vient de Jésus et de l’Esprit Saint et s’exprime dans la charité gratuite, dans le partage, dans l’aide mutuelle, dans la compréhension réciproque.

La Vierge veut nous apporter à nous aussi, à nous tous, le grand don qu’est Jésus ; et avec Lui, elle nous apporte son amour, sa paix, sa joie. Ainsi, l’Église est comme Marie : l’Église n’est pas un magasin, ce n’est pas une agence humanitaire, l’Église n’est pas une ONG, l’Église est envoyée pour apporter à tous le Christ et son Évangile ; elle ne s’apporte pas elle-même — qu’elle soit petite, qu’elle soit grande, qu’elle soit forte, qu’elle soit faible, l’Église apporte Jésus et doit être comme Marie quand elle est allée rendre visite à Élisabeth. Que lui apportait Marie ? Jésus. L’Église apporte Jésus : tel est le centre de l’Église, apporter Jésus ! Si, par hypothèse, il arrivait une fois que l’Église n’apporte pas Jésus, ce serait une Église morte ! L’Église doit apporter la charité de Jésus, l’amour de Jésus, la charité de Jésus.

Nous avons parlé de Marie, de Jésus. Et nous ? Nous qui sommes l’Église ? Quel est l’amour que nous portons aux autres ? C’est l’amour de Jésus, qui partage, qui pardonne, qui accompagne, ou bien est-ce un amour dilué, comme lorsqu’on allonge du vin qui semble devenir de l’eau ? Est-ce un amour fort, ou faible au point de suivre les sympathies, qui recherche une contre-partie, un amour intéressé ? Une autre question : Jésus aime-t-il l’amour intéressé ? Non, il ne l’aime pas, car l’amour doit être gratuit, comme le sien. Comment sont les rapports dans nos paroisses, dans nos communautés ? Nous traitons-nous en frères et sœurs ? Nous jugeons-nous, parlons-nous mal les uns des autres, nous occupons-nous chacun de notre « petit jardin », ou bien avons-nous soin l’un de l’autre ? Ce sont des questions de charité !

3. Et abordons brièvement un autre aspect : Marie modèle d’union avec le Christ. La vie de la Sainte Vierge a été la vie d’une femme de son peuple : Marie priait, travaillait, allait à la synagogue... Mais chaque action était toujours accomplie en union parfaite avec Jésus. Cette union atteint son sommet sur le Calvaire : là, Marie s’unit à son Fils dans le martyre du cœur et dans l’offrande de la vie au Père pour le salut de l’humanité. La Vierge a fait sienne la douleur de son Fils et a accepté avec Lui la volonté du Père, dans cette obéissance qui porte du fruit, qui donne la véritable victoire sur le mal et sur la mort.

Cette réalité que Marie nous enseigne est très belle : être toujours unis à Jésus. Nous pouvons nous demander : nous rappelons-nous de Jésus seulement quand quelque chose ne va pas et que nous avons besoin, où avons-nous une relation constante, une amitié profonde, même quand il s’agit de le suivre sur le chemin de la croix ?

Demandons au Seigneur qu’il nous donne sa grâce, sa force, afin que dans notre vie et dans la vie de chaque communauté ecclésiale se reflète le modèle de Marie, Mère de l’Église. Ainsi soit-il !



Je salue cordialement les pèlerins francophones, particulièrement le pèlerinage du diocèse d’Angoulême, avec son Évêque Mgr Dagens, ainsi que les paroisses et les jeunes venus de France, de Suisse et de Belgique. Frères et sœurs, comme Marie, soyons toujours unis à Jésus, dans les joies comme dans les peines, et ayons à cœur de communiquer son amour et sa joie tout autour de nous.  Bon pèlerinage.

lundi 21 octobre 2013

L’œcuménisme spirituel, âme de notre chemin vers la pleine communion

Discours du Pape François à une délégation de la Fédération Luthérienne mondiale et aux représentants de la Commission pour l'Unité luthérienne-catholique.

Chers frères et sœurs luthériens, et chers frères catholiques,

Je souhaite volontiers la bienvenue à vous tous, délégation de la Fédération luthérienne mondiale et représentants de la Commission pour l’unité luthérienne-catholique. Cette rencontre fait suite à celle, très cordiale et appréciée, que j’ai eue avec vous, éminent évêque Younan, et avec le secrétaire de la Fédération luthérienne mondiale, le révérend Junge, à l’occasion de la célébration du début de mon ministère comme Évêque de Rome.

Je constate avec un sentiment de profonde gratitude pour le Seigneur Jésus Christ les nombreux pas que les relations entre luthériens et catholiques ont accomplis au cours des dernières décennies, et non seulement à travers le dialogue théologique, mais également à travers la collaboration fraternelle dans de multiples domaines pastoraux, et surtout, dans l’engagement en vue de progresser dans l’œcuménisme spirituel. Ce dernier constitue, dans un certain sens, l’âme de notre chemin vers la pleine communion, et nous permet d’en goûter déjà certains fruits, même imparfaits. Dans la mesure où nous nous approchons avec humilité d’esprit de Notre Seigneur Jésus Christ, nous sommes certains de nous rapprocher également les uns des autres, et dans la mesure où nous invoquerons du Seigneur le don de l’unité, nous sommes certains qu’Il nous prendra par la main et que ce sera Lui notre guide. Il faut laisser le Seigneur Jésus Christ nous prendre par la main.

Cette année, comme résultat du dialogue théologique, qui célèbre désormais cinquante ans, et en vue de la commémoration du cinquième centenaire de la Réforme, a été publié le texte de la Commission pour l’unité luthérienne-catholique, qui porte un titre significatif : « Du conflit à la communion. L’interprétation luthérienne-catholique de la Réforme en 2017 ». L’effort de se confronter dans le dialogue sur la réalité historique de la Réforme, sur ses conséquences et sur les réponses qui y furent apportées, me semble véritablement important pour tous. Catholiques et luthériens peuvent demander pardon pour le mal causé les uns aux autres et pour les fautes commises devant Dieu, et se réjouir ensemble pour la nostalgie d’unité que le Seigneur a réveillée dans nos cœurs, et qui nous fait nous tourner vers l’avenir avec un regard d’espérance.

À la lumière du chemin de ces décennies, et des nombreux exemples de communion fraternelle entre luthériens et catholiques dont nous sommes témoins, réconfortés par la confiance dans la grâce qui nous est donnée dans le Seigneur Jésus Christ, je suis certain que nous saurons poursuivre notre chemin de dialogue et de communion, en affrontant également les questions fondamentales, ainsi que les divergences qui apparaissent dans le domaine anthropologique et éthique. Certes, les difficultés ne manquent pas et ne manqueront pas, elles exigeront encore patience, dialogue et compréhension réciproque, mais n’ayons pas peur ! Nous savons bien — comme nous l’a rappelé à plusieurs reprises Benoît XVI — que l’unité n’est pas avant tout le fruit de notre effort, mais de l’action de l’Esprit Saint auquel il faut ouvrir nos cœurs avec confiance afin qu’il nous conduise sur les voies de la réconciliation et de la communion.

Le bienheureux Jean-Paul II se demandait : « Comment annoncer l’Évangile de la réconciliation sans s’engager en même temps à travailler pour la réconciliation des chrétiens ? » (Lett. enc. Ut unum sint, n. 98). Que la prière fidèle et constante dans nos communautés puisse soutenir le dialogue théologique, le renouveau de la vie et la conversion des cœurs, afin que, avec l’aide de Dieu Un et Trine, nous puissions marcher vers l’accomplissement du désir du Fils, Jésus Christ, afin que nous soyons tous un. Merci.

dimanche 20 octobre 2013

Dans la lutte contre le mal, notre arme est la prière

Paroles du Pape avant l'Angelus.

Chers frères et sœurs,

Dans l’Évangile d’aujourd’hui, Jésus raconte une parabole sur la nécessité de toujours prier, sans se lasser. Le personnage central est une veuve qui, à force de supplier un juge malhonnête, réussit à ce qu’il lui rende justice. Et Jésus conclut : si la veuve a réussi à convaincre ce juge, croyez-vous que Dieu ne nous écoute pas, nous, si nous le prions avec insistance ? L’expression de Jésus est très forte : « Dieu ne fera-t-il pas justice à ses élus qui crient vers lui jour et nuit ? » (Lc 18, 7).

Crier vers Dieu « jour et nuit » ! Cette image de la prière nous frappe. Mais demandons-nous : pourquoi Dieu veut-il cela ? Est-ce qu’il ne connaît pas déjà nos besoins ? Quel sens cela a-t-il d’« insister » auprès de Dieu ?

Voilà la bonne question, qui nous fait approfondir un aspect très important de la foi : Dieu nous invite à prier avec insistance, non parce qu’il ne sait pas de quoi nous avons besoin, ou parce qu’il ne nous écoute pas. Au contraire, Il écoute toujours et il sait tout de nous, avec amour. Sur notre chemin quotidien, en particulier dans les difficultés, dans la lutte contre le mal en dehors et au-dedans de nous, le Seigneur n’est pas loin, Il est à nos côtés ; nous luttons avec Lui à nos côtés, et notre arme est justement la prière, qui nous fait sentir sa présence à nos côtés, sa miséricorde, également son aide. Mais la lutte contre le mal est dure et longue, elle exige patience et résistance — comme Moïse qui devait garder les bras levés pour faire vaincre son peuple (cf. Ex 17, 8-13). C’est ainsi : il y a un combat à mener chaque jour, mais Dieu est notre allié, la foi en Lui est notre force, et la prière est l’expression de cette foi. C’est pourquoi Jésus nous assure de la victoire, mais à la fin, il se demande : « Mais le Fils de l’Homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur terre ? » (Lc 18, 8). Si la foi s’éteint, la prière s’éteint, et nous marchons dans le noir, nous nous égarons sur le chemin de la vie.

Apprenons donc de la veuve de l’Évangile à prier toujours, sans nous lasser. Elle était bien cette veuve ! Elle savait lutter pour ses enfants ! Et je pense aux si nombreuses femmes qui luttent pour leur famille, qui prient, qui ne se lassent jamais. Souvenons-nous tous aujourd’hui de ces femmes, dont le comportement nous donne un vrai témoignage de foi, de courage, un modèle de prière. Souvenons-nous d’elles ! Prier toujours, mais pas pour convaincre le Seigneur à force de paroles ! Lui sait mieux que nous de quoi nous avons besoin ! La prière persévérante est plutôt l’expression de la foi en un Dieu qui nous appelle à combattre avec Lui, chaque jour, à chaque instant, pour vaincre le mal par le bien.



À l'issue de l'Angélus.

Chers frères et sœurs !

C’est aujourd’hui la Journée mondiale des missions. Quelle est la mission de l’Église ? Diffuser dans le monde la flamme de la foi, que Jésus a allumée dans le monde : la foi en Dieu qui est Père, Amour, Miséricorde. La méthode de la mission chrétienne n’est pas le prosélytisme, mais celle de la flamme partagée qui réchauffe l’âme. Je remercie tous ceux qui, à travers la prière et l’aide concrète, soutiennent l’œuvre missionnaire, en particulier la sollicitude de l’Évêque de Rome pour la diffusion de l’Évangile. En ce jour, nous sommes proches de tous les missionnaires, hommes et femmes, qui travaillent beaucoup sans faire de bruit, et donnent leur vie. Comme l’italienne Afra Martinelli, qui a travaillé pendant de nombreuses années au Nigeria : elle a été tuée il y a quelques jours, à l’occasion d’un vol ; tous l’ont pleurée, chrétiens et musulmans. Ils l’aimaient. Elle a annoncé l’Évangile à travers sa vie, à travers l’œuvre qu’elle a réalisée, un centre d’éducation. Et c’est ainsi qu’elle a diffusé la flamme de la foi, qu’elle a combattu le bon combat ! Pensons à notre sœur et saluons-la tous par des applaudissements !

Je pense également à Etienne Sándor, qui a été proclamé bienheureux hier à Budapest. C’était un salésien laïc, exemplaire dans son service aux jeunes, à l’aumônerie et dans l’éducation professionnelle. Quand le régime communiste ferma toutes les œuvres catholiques, il affronta les persécutions avec courage, et fut tué à 39 ans. Nous nous unissons à l’action de grâce de la famille salésienne et de l’Église hongroise.

Je désire exprimer ma proximité aux populations des Philippines frappées par un fort séisme, et je vous invite à prier pour ce cher pays, qui récemment a connu diverses catastrophes naturelles.

Bon dimanche ! Au revoir et bon repas !

vendredi 18 octobre 2013

Pèlerins de la communication

Message du pape François au Centre de télévision du Vatican (CTV).

Je désire adresser mes salutations cordiales à toutes les personnes présentes au congrès qui a pour but, non seulement de faire mémoire des trente années d’existence du Centre de télévision du Vatican, mais surtout de réfléchir aux perspectives d’un service toujours plus attentif et qualifié [...].

1. Je voudrais avant tout souligner que votre travail est un service rendu à l’Évangile et à l’Église. L’anniversaire du CTV se situe dans le cadre d’une autre célébration importante : les cinquante ans de l’approbation du décret conciliaire Inter mirifica, qui inclut, parmi les dons merveilleux de Dieu, les instruments de la communication sociale, y compris, justement, la télévision. Les paroles des Pères conciliaires nous apparaissent prophétiques ; ils soulignaient justement l’importance que revêt l’utilisation de ces moyens afin que « comme le sel et la lumière, ils fécondent et illuminent le monde », en apportant la lumière de Jésus-Christ et en contribuant au progrès de toute l’humanité.

Dans ces décennies, la technologie a évolué très rapidement, créant des réseaux de connexion inattendus. Il est nécessaire de maintenir une perspective évangélique dans cette sorte d’« autoroute globale de la communication », en ayant toujours à l’esprit la finalité que le bienheureux Jean-Paul II avait voulu imprimer lorsqu’il a lancé le CTV : favoriser « une action plus efficace de l’Église en ce qui concerne les communications sociales… afin d’offrir de nouveaux instruments pour accomplir dans le monde la mission universelle de l’Église » (Rescrit du 22 octobre 1983).

Comme vous l’a rappelé aussi Benoît XVI, « en mettant les images à la disposition des plus grandes agences de télévision mondiales et des grandes télévisions nationales ou commerciales, vous favorisez un information adéquate et opportune sur la vie et sur l’enseignement de l’Église dans le monde d’aujourd’hui, au service de la dignité de la personne humaine, de la justice, du dialogue et de la paix » (Discours au CTV, 18 décembre 2008). N’oubliez donc pas que c’est là un service ecclésial, à l’intérieur de la mission d’évangélisation de l’Église.

2. C’est pour cette raison, et c’est le second élément que j’aimerais souligner, en présentant les événements, votre optique ne peut jamais être « mondaine », mais « ecclésiale ». Nous vivons dans un monde où il n’existe presque rien qui n’ait à voir avec l’univers des médias. Des instruments toujours plus sophistiqués renforcent le rôle de plus en plus envahissant des technologies, des langages et des formes de communication dans le déroulement de notre vie quotidienne, et pas uniquement dans le monde des jeunes. Comme je l’ai rappelé le lendemain de mon élection comme évêque de Rome, en rencontrant justement les représentants des moyens de communication sociale présents à Rome à l’occasion du Conclave, « le rôle des mass-médias » n’a cessé de croître ces derniers temps, au point qu’il est devenu indispensable pour raconter au monde les événements de l’histoire contemporaine ». Tout ceci se reflète aussi dans la vie de l’Église.

Mais s’il n’est pas facile de raconter les événements de l’histoire, il est encore plus complexe de raconter ceux qui sont liés à l’Église, qui est le signe et l’instrument de l’union intime à Dieu, qui est le Corps du Christ, le peuple de Dieu, le temple de l’Esprit-Saint. Cela requiert une responsabilité particulière, une grande capacité à lire la réalité avec une clé de lecture spirituelle. En effet, les événements de l’Église « ont une caractéristique fondamentale particulière : ils répondent à une logique qui n’est pas principalement celle des catégories, pour ainsi dire, mondaines, et c’est précisément pour cette raison qu’il n’est pas facile de les interpréter et de les communiquer à un public vaste et varié » (Discours aux représentants des médias, 18 mars 2013). Parler de responsabilité, d’une vision respectueuse des événements que l’on veut raconter, signifie aussi avoir conscience que la sélection, l’organisation, la messe sur les ondes et le partage des contenus exige une attention particulière parce que cela utilise des instruments qui ne sont pas ni neutres ni transparents [...].

3. Enfin, je voudrais rappeler que votre fonction n’est pas purement documentaire, « neutre » face aux événements, mais vous contribuez à rapprocher l’Eglise du monde, en annulant les distances, en faisant arriver la parole du Pape à des millions de catholiques, même là où, souvent professer sa foi est un choix courageux. Grâce aux images, le CTV est en marche avec le Pape pour apporter le Christ aux si nombreuses formes de solitude de l’homme contemporain, en atteignant jusqu’aux « périphéries technologiques sophistiquées ».

Dans votre mission, il est important de rappeler que l’Eglise est présente dans le monde de la communication, dans toutes ses expressions variées, surtout pour conduire les personnes à la rencontre avec le Seigneur Jésus. En effet, seule la rencontre avec Jésus peut transformer le cœur et l’histoire de l’homme. Je vous remercie et je vous encourage à poursuivre avec audace dans votre témoignage de l’Evangile, en dialoguant avec un monde qui a besoin d’être écouté, d’être compris, mais aussi de recevoir le message de la vraie vie.

Prions le Seigneur de nous rende capables d’arriver jusqu’au cœur de l’homme, au-delà des barrières de la méfiance, et demandons à la Madone de veiller sur nos pas de « pèlerins de la communication ». Je vous demande de prier pour moi, j’en ai besoin ! J’invoque l’intercession de sainte Claire, patronne de la télévision, et je vous accompagne de ma bénédiction.