Discours du Pape François à SS Moran Baselios Marthoma Paulose II, Catholicos de l'Orient et Métropolite de l'Eglise orthodoxe syro-malankare.
C’est pour moi une joie de rencontrer aujourd’hui Votre Sainteté et l’éminente délégation de l’Église orthodoxe syro-malankare auprès de la tombe de l’Apôtre Pierre. A travers votre personne, je salue une Église née du témoignage que l’apôtre Thomas a rendu au Seigneur Jésus jusqu’au martyre. La fraternité apostolique qui unissait les premiers disciples dans le service de l’Évangile unit aujourd’hui encore nos Églises, bien que, dans le cours parfois triste de l’histoire, soient apparues des divisions que, grâce à Dieu, nous nous efforçons de surmonter en obéissance à la volonté et au désir du Seigneur lui-même (cf. Jn 17, 21).
« Mon Seigneur et mon Dieu ! » (Jn 20, 28) s’exclama l’apôtre Thomas à travers l’une des plus belles confessions de foi dans le Christ qui aient été transmises dans les Évangiles, une foi qui proclame la divinité du Christ, son autorité sur notre vie, sa victoire sur le péché et sur la mort à travers la Résurrection. Un événement si réel que saint Thomas est invité à toucher les signes concrets de Jésus crucifié et ressuscité (cf. Jn 20, 27). C’est précisément dans cette foi que nous nous rencontrons aujourd’hui ; c’est cette foi qui nous unit, même si nous ne pouvons pas encore partager la table eucharistique ; et c’est cette foi qui nous pousse à continuer d’intensifier l’engagement œcuménique, la rencontre et le dialogue en vue de la pleine communion. Avec une profonde affection, je donne la bienvenue à Votre Sainteté et aux membres de votre délégation, et je vous demande d’apporter mon salut chaleureux aux évêques, au clergé et aux fidèles de l’Église orthodoxe syro-malankare. J’adresse une pensée particulière aux communautés que vous visitez en Europe.
Il y a trente ans, en juin 1983, le catholicos Moran Mar Baselios Marthoma Mathewsier rendit visite à mon vénéré prédécesseur, le Pape Jean-Paul II et à l’Église de Rome. Ils reconnurent ensemble leur foi commune dans le Christ. Par la suite, ils se rencontrèrent à nouveau à Kottayam, dans la cathédrale de Mar Elias, en février 1986, au cours de la visite pastorale du Pape en Inde. À cette occasion, le Pape Jean-Paul II affirma : « Avec vous, je désire que nos Églises puissent trouver bientôt des moyens efficaces de résoudre les questions pastorales urgentes qui se présentent à nous, et que nous puissions progresser ensemble dans l’amour fraternel et dans notre dialogue théologique, car c’est à travers ces moyens que peuvent se concrétiser la réconciliation entre les chrétiens et la réconciliation dans le monde. Je peux vous assurer que l’Église catholique, avec l’engagement pris lors du Concile Vatican II, est prête à participer pleinement à cette entreprise ». Ces rencontres ont donné lieu à un chemin concret de dialogue à travers l’institution d’une Commission mixte, qui a conduit à l’Accord de 1990, le jour de la Pentecôte ; une Commission qui poursuit son travail précieux et qui nous a conduits à accomplir des pas significatifs sur des thèmes tels que l’usage commun d’édifices de culte et de cimetières, la concession réciproque de ressources spirituelles et même liturgiques dans des situations pastorales spécifiques, et sur la nécessité d’identifier des formes nouvelles de collaboration face aux défis sociaux et religieux croissants.
J’ai voulu rappeler certaines étapes de ces trente années de rapprochement progressif entre nous, car je pense que sur le chemin œcuménique, il est important de regarder avec confiance les pas accomplis en surmontant les préjugés et les fermetures, qui font partie de la « culture de l’affrontement », qui est une source de division et en laissant la place à la « culture de la rencontre », qui nous éduque à la compréhension réciproque et à œuvrer pour l’unité. Mais seuls, cela est impossible ; nos faiblesses et nos pauvretés ralentissent notre chemin. C’est pourquoi il est important d’intensifier la prière, car seul l’Esprit Saint, avec sa grâce, avec sa lumière, avec sa chaleur, peut dissoudre nos réserves et guider nos pas vers une fraternité toujours plus grande : prière et engagement pour faire croître les relations d’amitié et de collaboration aux divers niveaux, au sein du clergé, parmi les fidèles, des diverses Églises nées du témoignage rendu par saint Thomas. Que l’Esprit Saint continue de nous illuminer et de nous guider vers la réconciliation et l’harmonie, en surmontant toutes les causes de division et de rivalité qui ont marqué notre passé. Votre Sainteté, parcourons ensemble ce chemin en nous tournant avec confiance vers le jour où, avec l’aide de Dieu, nous serons unis auprès de l’autel du sacrifice du Christ, dans la plénitude de la communion eucharistique.
Prions les uns pour les autres, en invoquant la protection de saint Pierre et de saint Thomas sur tout le troupeau qui a été confié à notre soin pastoral. Puissent-ils, eux qui ont travaillé ensemble pour l’Évangile, intercéder pour nous et accompagner le chemin de nos Églises.
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