mercredi 4 septembre 2013

Lettre du Pape François à Vladimir Poutine

Lettre du Pape François à M. Vladimir Poutine président de la Fédération russe.

Au cours de cette année, vous avez l’honneur et la responsabilité de présider le groupe des vingt plus grandes économies du monde. Je suis conscient que la Fédération russe a participé à ce Groupe depuis sa création et a toujours accompli un rôle positif dans la promotion de la bonne gouvernance des finances mondiales, qui ont été profondément affectées par la crise commencée en 2008.

Le contexte actuel, marqué par une très grande interdépendance, exige un cadre financier mondial, ayant ses propres règles justes et claires, afin de parvenir à un monde plus équitable et solidaire, dans lequel il est possible de vaincre la faim, d’offrir à tous un travail digne, un logement décent et l’assistance médicale nécessaire. Votre présidence du G20 pour l’année en cours s’est engagée à consolider la réforme des organisations financières internationales et à parvenir à un consensus sur les règles financières adaptées aux circonstances actuelles. Toutefois, l’économie mondiale ne pourra réellement se développer que si elle est en mesure de permettre une vie digne à tous les êtres humains, des plus âgés aux enfants qui sont encore dans le sein maternel, non seulement aux citoyens des pays membres du G20, mais à tous les habitants de la Terre, même à ceux qui se trouvent dans les situations sociales les plus difficiles ou dans les lieux les plus reculés.

Dans cette optique, il apparaît clair que dans la vie des peuples, les conflits armés constituent toujours la négation délibérée de toute entente internationale possible, en créant des divisions profondes et des blessures déchirantes qui ont besoin de nombreuses années pour se refermer. Les guerres constituent le refus concret de s’engager pour atteindre les grands objectifs économiques et sociaux que la communauté internationale s’est fixés, tels que, par exemple, les objectifs de développement pour le millénaire. Malheureusement, les nombreux conflits armés qui affligent aujourd’hui encore le monde nous présentent, chaque jour, des images dramatiques de pauvreté, de faim, de maladies et de mort. En effet, sans paix, il ne peut y avoir aucun type de développement économique. La violence ne conduit jamais à la paix, condition nécessaire pour ce développement.

La rencontre des chefs d’État et de gouvernement des vingt plus puissantes économies, qui représentent les deux-tiers de la population et 90% du PIB mondial, ne compte pas parmi ses principaux objectifs la sécurité internationale. Toutefois, elle ne pourra pas manquer de se pencher sur la situation au Moyen-Orient et en particulier en Syrie. Malheureusement, il est regrettable de constater que trop d’intérêts partisans ont prévalu depuis qu’a commencé le conflit syrien, empêchant de trouver une solution qui évite le massacre inutile auquel nous assistons. Les chefs des États du G20 ne doivent pas demeurer indifférents face aux drames que vit depuis trop longtemps la bien-aimée population syrienne et qui risquent d’apporter de nouvelles souffrances à une région si éprouvée et ayant besoin de paix. À tous et à chacun d’eux, j’adresse un appel sincère afin qu’ils contribuent à trouver les moyens de surmonter les diverses oppositions et abandonnent toute vaine poursuite d’une solution militaire. Que soit pris, au contraire, un nouvel engagement à poursuivre, avec courage et détermination, une solution pacifique à travers le dialogue et la négociation entre les parties intéressées avec le soutien unanime de la communauté internationale. En outre, tous les gouvernements du monde ont le devoir moral de favoriser toute initiative visant à promouvoir l’assistance humanitaire à ceux qui souffrent à cause du conflit au sein et à l’extérieur du pays.

Monsieur le président, en espérant que ces réflexions puissent constituer une contribution spirituelle utile à votre rencontre, je prie pour l’issue fructueuse des travaux du G20. J’invoque d’abondantes bénédictions sur le Sommet de Saint-Pétersbourg, sur tous les participants, sur les citoyens de tous les États-membres et sur toutes les activités et les engagements de la présidence russe du G20 en l’année 2013.

En vous demandant de prier pour moi, je profite de cette occasion pour vous exprimer, Monsieur le président, ma très haute considération.

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