Dialogue des mouvements ecclésiaux avec le pape François lors
de la veillée de Pentecôte place Saint Pierre.
Quatrième question : "Cheminer,
construire, confesser. Votre « programme » pour une « Église en
mouvement » (c’est en tous cas ce que j’ai compris en écoutant votre
homélie du début de votre pontificat) nous a réconfortés et stimulés.
Réconfortés, parce que nous nous sommes retrouvés dans une unité profonde avec
nos amis de la communauté chrétienne et avec toute l’Église universelle.
Stimulés, parce que, en un certain sens, vous nous avez obligés à secouer la
poussière du temps et de la superficie de notre adhésion au Christ. Mais je
dois dire que je ne réussis pas à dépasser le trouble causé en moi par
l’expression « confesser ». Confesser, c’est-à-dire témoigner de
notre foi. Nous pensons à tant de nos frères qui souffrent à cause de leur foi,
comme nous venons de l’entendre. Nous pensons à ceux qui doivent décider, le
dimanche matin, s’ils vont aller à la messe parce qu’ils savent qu’en allant à
la messe, ils risquent leur vie. A ceux qui se sentent encerclés et discriminés
à cause de leur foi chrétienne dans de trop nombreux pays du monde. Face à ces
situations, il nous semble que ma profession de foi, notre témoignage sont
timides et mal à l’aise. Nous voudrions faire plus, mais que faire ? Et
comment aider ces frères ? Comment soulager leurs souffrances si nous ne
pouvons rien faire, ou trop peu, pour changer leur contexte politique et
social ?"
Réponse du
pape François : Pour annoncer l’Evangile, il faut deux vertus : le
courage et la patience. Ils [les chrétiens qui souffrent, ndlr] sont dans
l’Église de la patience. Ils souffrent et il y a plus de martyrs aujourd’hui
que dans les premiers siècles de l’Église : plus de martyrs ! Ce sont
nos frères et sœurs. Ils souffrent ! Eux, ils portent leur foi jusqu’au
martyre. Mais le martyre n’est jamais un échec ; le martyr est le degré le
plus élevé du témoignage que nous avons à rendre. Nous sommes en chemin vers le
martyre, vers de petits martyres : renoncer à ceci, faire cela… mais nous
sommes en chemin. Et eux, les pauvres, ils donnent leur vie, mais ils la
donnent, comme nous l’avons entendu à propos de la situation au Pakistan, par
amour pour Jésus, en témoignant de Jésus. Un chrétien doit toujours avoir cette
attitude de douceur, d’humilité, c’est précisément l’attitude qui est la leur,
faisant confiance à Jésus et s’abandonnant à lui. Il faut préciser que bien
souvent ces conflits n’ont pas une origine religieuse ; souvent il y a
d’autres causes, de type social ou politique et malheureusement, les
appartenances religieuses sont utilisées comme de l’huile qu’on met sur le feu.
Un chrétien doit toujours savoir répondre au mal par le bien, même si c’est
souvent difficile.
Nous, cherchons à leur faire sentir, à ces frères et sœurs,
que nous sommes profondément unis à eux, profondément unis, dans leur
situation, que nous savons qu’ils sont des chrétiens « entrés dans la
patience ». Lorsque Jésus va vers sa passion, il entre dans la patience.
Eux, ils sont entrés dans la patience ; le leur faire savoir, mais aussi
le faire savoir au Seigneur. Je vous pose la question : priez-vous pour
ces frères et sœurs ? Priez-vous pour eux ? Dans votre prière de tous
les jours ? Je ne vais pas demander maintenant que ceux qui prient lèvent
la main, non. Je ne vous le demande pas maintenant. Mais réfléchissez-y bien.
Dans notre prière quotidienne, disons à Jésus : « Seigneur, regarde
ce frère, regarde cette sœur qui souffre tant, qui souffre tant ! ».
Ils font l’expérience de la limite, vraiment de la limite entre la vie et la
mort. Et nous aussi : cette expérience doit nous conduire à promouvoir la
liberté religieuse pour tous, pour tous ! Chaque homme et chaque femme
doit être libre de vivre sa confession religieuse, quelle qu’elle soit.
Pourquoi ? Parce que cet homme et cette femme sont des enfants de Dieu.
Et ainsi, je crois avoir un peu répondu à vos questions ;
excusez-moi si j’ai été trop long. Merci beaucoup ! Merci à vous et
n’oubliez pas : pas d’Église fermée, mais une Église qui sort, qui va vers
les périphéries de l’existence. Que le Seigneur nous guide ici-bas. Merci.
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