Discours du pape François aux participants de l'Assemblée plénière du Conseil pontifical pour la promotion de la nouvelle évangélisation.
Chers frères et soeurs,
Je vous salue tous et vous remercie pour ce que vous faites au service de la nouvelle évangélisation, et pour le travail de l’Année de la foi. Merci de tout cœur ! Ce que je voudrais vous dire aujourd'hui peut se résumer en trois points : primat du témoignage ; urgence d'aller à la rencontre ; projet pastoral centré sur l’essentiel.
1. A notre époque se vérifie souvent une attitude indifférence envers la foi, qui n'est plus estimée importante dans la vie de l'homme. Nouvelle évangélisation signifie réveiller dans le cœur et dans l'esprit de nos contemporains la vie de la foi. La foi est un don de Dieu, mais il est important que nous chrétiens montrions que nous vivons la foi de façon concrète, à travers l’amour, la concorde, la joie, la souffrance, car cela suscite des questions, comme aux débuts de la marche de l’Église : pourquoi vivent-ils ainsi ? Qu'est-ce qui les pousse ? Ce sont des interrogations qui amènent au cœur de l’évangélisation, qui est le témoignage de la foi et de la charité. Ce dont nous avons besoin, spécialement en ces temps, ce sont de témoins crédibles qui par leur vie et par leur parole rendent visible l'Evangile, réveillent l’attraction pour Jésus-Christ, pour la beauté de Dieu.
Tant de personnes se sont éloignées de l’Église. Il est erroné de rejeter les fautes d'un côté ou de l'autre, car il n'y a pas lieu de parler de faute. Il y a des responsabilités dans l'histoire de l’Église et de ses hommes, il y en a dans certaines idéologies et aussi chez des personnes individuelles. Comme enfants de l’Église nous devons continuer le chemin du Concile Vatican II, nous dépouiller des choses inutiles et nuisibles, des fausses sécurités mondaines qui appesantissent l’Église et abîment son vrai visage.
Il faut des chrétiens qui rendent visible aux hommes d'aujourd'hui la miséricorde de Dieu, sa tendresse pour toute créature. Nous savons tous que la crise de l'humanité contemporaine n'est pas superficielle, elle est profonde. Pour cela la nouvelle évangélisation, tandis qu'elle est appelée à avoir le courage d'aller à contre-courant, de se convertir des idoles vers l'unique vrai Dieu, ne peut qu'utiliser le langage de la miséricorde, fait de gestes et d'attitudes avant même que de paroles. L’Église au milieu de l'humanité d'aujourd'hui dit : Venez à Jésus, vous tous qui êtes fatigués et oppressés, et vous trouverez le repos pour vos âmes (cf. Mt 11,28-30). Venez à Jésus. Lui seul a les paroles de vie éternelle.
Tout baptisé est "christophore", c'est-à-dire porteur du Christ, comme disaient les Pères anciens. Qui a rencontré le Christ, comme la Samaritaine au puits, ne peut pas garder cette expérience pour soi, mais ressent le désir de la partager, pour porter les autres à Jésus (cf. Jn 4). Il faut tous se demander si celui qui nous rencontre perçoit dans notre vie la chaleur de la foi, voit dans notre visage la joie d'avoir rencontré le Christ !
2. Ici nous passons au second aspect : la rencontre, aller à la rencontre des autres. La nouvelle évangélisation est un mouvement renouvelé vers celui qui a perdu la foi et le sens profond de la vie. Ce dynamisme fait partie de la grande mission du Christ d'apporter la vie dans le monde, l’amour du Père à l’humanité. Le Fils de Dieu est "sorti" de sa condition divine et est venu à notre rencontre. L’Église est à l'intérieur de ce mouvement, tout chrétien est appelé à aller à la rencontre des autres, à dialoguer avec ceux qui ne pensent pas comme nous, avec ceux qui ont une autre foi, ou qui n'ont pas la foi. Rencontrer tous, car tous ont en commun d'être créés à l'image et à la ressemblance de Dieu. Nous pouvons aller à la rencontre de tous, sans peur et sans renoncer à notre appartenance.
Personne n'est exclu de l'espérance de la vie, de l'amour de Dieu. L’Église est envoyée éveiller de partout cette espérance, spécialement là où elle est étouffée par des conditions existentielles difficiles, parfois inhumaines, là où l'espérance ne respire pas, étouffe. Elle a besoin de l'oxygène de l’Évangile, du souffle de l'Esprit du Christ ressuscité, qui la rallume dans les coeurs. L'Eglise est la maison dont les portes sont toujours ouvertes, non seulement pour que chacun puisse y trouver un accueil et respirer amour et espérance, mais aussi pour que nous puissions en sortir pour apporter cet amour et cette espérance. L'Esprit-Saint nous pousse à sortir de notre enclos et nous conduit jusqu'aux périphéries de l'humanité.
3. Tout cela, dans l’Église, n'est pas laissé au hasard, à l’improvisation. Cela exige l'engagement commun pour un projet pastoral qui reprenne l’essentiel et qui soit bien centré sur l’essentiel, c'est-à-dire sur Jésus-Christ. Il ne sert à rien de se disperser dans tant de choses secondaires ou superflues, mais de se concentrer sur la réalité fondamentale, qui est la rencontre avec le Christ, avec sa miséricorde, avec son amour et qui est aussi l’amour des frères comme Lui nous a aimés. Une rencontre avec le Christ qui est aussi adoration, parole peu utilisée : adorer le Christ. Un projet animé par la créativité et par la fantaisie de l'Esprit Saint, qui nous pousse aussi à emprunter des voies nouvelles, avec courage, sans se fossiliser ! Nous pourrions nous demander : comment est la pastorale de nos diocèses et paroisses ? Est-ce qu'elle rend visible l’essentiel, c'est-à-dire Jésus-Christ ? Est-ce que les diverses expériences, caractéristiques, marchent ensemble dans l'harmonie que donne l'Esprit-Saint ? Ou bien notre pastorale est-elle brouillonne, fragmentaire, et conduit à la fin à ce que chacun travaille de son côté ?
Dans ce contexte je voudrais souligner l’importance de la catéchèse, comme moment de l’évangélisation. Le pape Paul VI l'a déjà fait dans Evangelii nuntiandi (cf. n. 44). A partir de là le grand mouvement catéchétique a engagé un renouveau pour dépasser la fracture entre Évangile et culture et analphabétisme de nos jours en matière de foi. J'ai rappelé plusieurs fois un fait qui m'a impressionné dans mon ministère : rencontrer des enfants qui ne savaient pas faire le signe de la Croix ! Dans nos villes ! Les catéchistes rendent un précieux service pour la nouvelle évangélisation, et il est important que les parents soient les premiers catéchistes, les premiers éducateurs de la foi dans leur famille par le témoignage et par la parole.
Merci pour cette visite. Bon travail ! Que le Seigneur vous bénisse et que la Vierge vous protège.
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